Pourquoi chaptaliser quand on se bat pour désalcooliser ?

Pour Jacques Gravegeal, président de l’interprofession des Pays d’Oc IGP, les vins sans IGP menacent les IGP avec mention de cépage. La chaptalisation est une autre inquiétude pour l'homme qui fut président de la chambre d'agriculture de l'Hérault jusqu'aux dernières élections pendant 23 ans.

Vous êtes un farouche opposant au VSIG. Les vins de table ne vous posaient pas autant de problème. Pourquoi ?

Je suis un farouche opposant à la perte de revenu pour les vignerons. La création des vins sans indication géographique est la volonté d’un certain commerce libéral au fort pouvoir de lobbying. Pour eux, les VSIG sont un moyen d’évacuer les excédents des régions exclusivement AOC. Contrairement à ce qui avait été promis à Bruxelles lors de leur création, il n’y a pas de marché stable des VSIG. Au contraire, c’est un marché opportuniste et spéculatif. Dans une petite année de récolte comme 2012, il n’y a pas de volumes de VSIG et lorsqu’il y en a, les prix des vrac sont excessifs afin d’arriver à se les procurer. Tout le problème vient de l’autorisation de faire mention du cépage. Les vins de table n’y avaient pas droit avant la nouvelle OCM 2009. Depuis, les VSIG exercent une concurrence directe sur les vins de cépages en IGP et plus particulièrement sur celle que je représente : l’IGP Pays d’Oc. Les VSIG bloquent l’évolution des prix des IGP. Pour les acheteurs, ces vins sont un moyen de pression.

 
Que souhaitez-vous faire pour limiter la concurrence des VSIG ?

Il faut maîtriser la production. Avec la Fédération régionale des interprofessions des vins du Languedoc-Roussillon, communément appelée Inter Sud de France, nous souhaitons revenir au système en place avant 2008. Il faut un plafonnement des rendements pour les VSIG dans les exploitations mixtes AOC/IGP. Nous demandons à ce que le rendement des VSIG soit au maximum égal à celui des IGP de départements, soit 130 hl/ha. En parallèle, le rendement IGP doit être supérieur à 10 % de celui de l’appellation revendiquée.

 
La chaptalisation dans le Languedoc-Roussillon est un autre sujet sensible. Pourquoi ?

L’intérêt pour la chaptalisation se résume tout simplement à la perte des aides européennes dans l’utilisation des moûts concentrés rectifiés. Aujourd’hui, le différentiel de coût est tel entre l’utilisation du saccharose et du MCR que certains, par souci de profit immédiat, ne reculent devant aucune logique. Pourtant, cette technique n’est aucunement justifiée au vu des conditions climatiques qui sont les nôtres et qui nous permettent d’élaborer des vins naturels. Comment voulez-vous être cohérent lorsque d’un côté, nous nous battons pour obtenir la désalcoolisation en avançant que nous avons trop d’alcool dans nos vins et de l’autre côté, revendiquer la chaptalisation ? Où est la logique ?

 
Les rosés pamplemousse et autres vins aromatisés appelés BABV font un carton. Pourquoi l’IGP Pays d’Oc ne saisit-elle pas cette opportunité de marché ?

Le débat a été posé en conseil d’administration, certains de mes administrateurs s’y sont opposés par crainte que cela nuise à notre image de qualité IGP. Toutefois, le débat peut être relancé – vu le succès commercial des boissons aromatisées à base de vins. Nous avons un autre challenge à relever, il s’agit de développer le marché des bulles puisque la nouvelle OCM nous autorise la production de vins mousseux de qualité. Grâce à l’appui de notre communication « cépages », cette production devient une réelle opportunité pour la gamme Pays d’Oc IGP.

Pour vous, les vins sans IG sont-ils une opportunité ou une concurrence à vos vins IGP?

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