Château d’Anglès, AOC La clape : maîtriser l’export grâce à des importateurs exclusifs

Éric Fabre et son fils Vianney

Éric Fabre et son fils Vianney, pour lequel les clés du succès à l’export sont « une histoire qui se démarque, des vins de grande qualité dès l’entrée de gamme, de bonnes notes dans la presse et des prix en cohérence avec les seuils psychologiques du marché ».

Crédit photo DR
Éric Fabre et son fils Vianney exportent plus des deux tiers de leurs vins AOC la clape. Afin d’optimiser le contrôle de la distribution, ils ont décidé de concentrer leurs efforts sur des importateurs nationaux et de leur donner l’exclusivité sur la gamme des vins Château d’Anglès. Sans pour autant délaisser le marché français.

Avec 140.000 bouteilles exportées dans 25 pays, soit 70 % de sa production, le Château d’Anglès a lancé une véritable opération séduction auprès des importateurs.

En effet, si dans certains pays, comme en Allemagne, la famille Fabre continue de travailler avec des partenaires régionaux, elle a décidé de revoir sa stratégie pour d’autres en passant par des importateurs nationaux. Vianney Fabre, ancien responsable d’export chez Bollinger, confie :

« L’idée de passer par des importateurs nationaux m’est venue, car Bollinger fonctionnait de cette manière. L’important n’est pas d’augmenter les volumes expédiés, mais de valoriser ses vins avec un partenaire prestigieux et exclusif. De cette façon, tout est vendu au bon prix, sans relances, et le stockage se fait dans de bonnes conditions. »

C’est ainsi qu’aux États-Unis, les Fabre ont remplacé leurs importateurs régionaux par « un des dix majeurs importateurs américains », déclare Vianney Fabre, qui préfère rester discret sur l’identité de ce partenaire.

Choisir un importateur au rayonnement national

« Ce partenaire aux reins solides nous offre une visibilité dans l’ensemble des 50 États. Le financement du budget promotionnel est assuré par l’importateur américain et par le Château à 50-50, ce qui crée un lien fort », se félicite Vianney Fabre. Et ce n’est pas le seul intérêt qu’y trouve le château. « La communication se fait directement entre la maison et l’importateur national. Nous entrons dans une relation de confiance, avec une visibilité à long terme », poursuit le vigneron.

L’intérêt de ce partenariat réside également dans l’image qu’il offre au château. En effet, les grands importateurs nationaux « remplissent leur portefeuille de marques prestigieuses auxquelles le château se retrouve associé », se réjouit Vianney Fabre.

Château d’Anglès
Château d’Anglès, c’est 70 % de bouteilles exportées, 15 % en vente directe et 15 % en circuit traditionnel. C’est aussi un goût pour l’art, à travers l’artiste Julien Taylor qui a réalisé cette photographie dans le cadre de Vin & Culture (vinetculture.fr) créé par Benoît Truttmann, qui promeut le vin par la culture, et la culture par le vin.
Crédit photo : Julien Taylor/Vins&Culture

 

Toutefois ces entreprises sont très sollicitées, d’autant plus que « les bons importateurs ont peu de vins dans leur portefeuille ; au maximum un par AOC », d’après le vigneron. Alors, comment retenir leur attention ? Première règle, « ne rien lâcher : il ne faut pas hésiter à se rappeler à leur souvenir régulièrement, jusqu’à ce qu’ils répondent à votre e-mail », conseille Vianney.

Selon lui, se faire recommander par un autre vigneron reste la meilleure carte de visite. Et surtout, savoir vanter les mérites de son vin avec rapidité et efficacité à l’aide d’arguments solides.

L'art de séduire un partenaire prestigieux

Être prêt à investir, voici un premier argument pour entrer dans la cour des grands importateurs. « L’ensemble de nos importateurs bénéficient d’un budget promotionnel de 8 % du CA expédié qu’ils peuvent nous réclamer », confie Vianney Fabre. Avec cette somme, leur partenaire américain peut, par exemple, organiser des dégustations avec les clients distributeurs.

Autre atout de séduction : l’AOC la clape et son cahier des charges exigeant. Validée par l’INAO en juin 2015, la toute récente AOC communale la clape couvre seulement quelque 1.000 ha de vignes pour 28 producteurs. L’importateur sait qu’il ne trouvera pas de la clape chez les concurrents à prix cassés. Il se sent sécurisé. 

La constance dans la qualité est aussi un argument de poids. « Nous voulons être jugés par les importateurs sur notre vin d’entrée de gamme », explique le copropriétaire du château, qui exporte pour le moment deux tiers de cuvées « classiques » contre un tiers de « grands vins ».

Château d’Anglès gamme de vins
Afin de simplifier son image, Château d’Anglès mise sur une gamme courte de deux blancs, deux rouges et un rosé, allant de 9,50 € à 20 € environ.
Crédit photo : Château d’Anglès

Autre argument important pour les Fabre : les bonnes notes attribuées par les revues Wine Advocate (Robert Parker) ou Decanter. « C’est une clé redoutable pour ouvrir les portes, notamment celles du marché américain », constate le jeune vigneron, qui a choisi de s’occuper lui-même de l’envoi des échantillons destinés aux critiques. « En utilisant un service d’expédition express, je choisis les vins expédiés, je peux y joindre les documents informatifs que je souhaite et être sûr des délais de livraison. » Grâce à tous ces arguments, le Château d’Anglès a désormais des importateurs nationaux dans une vingtaine de pays.

Reste alors à entretenir la relation de confiance. C’est ainsi qu’il se déplace au minimum deux fois par an aux États-Unis, ainsi qu’en Asie. Le vigneron insiste sur l’importance des rapports humains : « Il faut bien s’entendre avec les commerciaux. »

Pour supporter les dépenses à l’export, le château dispose d’aides financières telles que celles de FranceAgriMer ou un CIPC (voir encadré ci-dessous). Cependant, le jeune vigneron considère que mettre toutes ces armes à l’international ne suffit pas pour s’assurer la maîtrise de sa distribution. Chez les Fabre, on ne badine pas avec le marché français.

Être fort sur le marché français 

Bien qu’ils considèrent la distribution traditionnelle française compliquée, les Fabre estiment qu’elle est « indispensable pour l’image du château sur le long terme ». En effet, « un importateur, un client habitué ou un journaliste ne comprendrait pas l’absence du domaine en France alors qu’on le lui présente comme un grand vin », confie Vianney Fabre.

Par ailleurs, les sommeliers des tables étoilées font encore un travail de promotion des vins de leur carte. Ainsi, les Fabre passent par plus d’une vingtaine d’agents commerciaux à travers le pays, afin de vendre leurs vins aux restaurants ou aux hôtels. « C’est la manière de fonctionner la plus qualitative, même si les agents ont malheureusement beaucoup de vins dans leur portefeuille à promouvoir », affirme le vigneron.

S’ils ont également participé à des foires aux vins dans la grande distribution, c’est « surtout pour séduire la presse invitée par les enseignes. Car si elle n’est pas forcément vectrice d’achat contrairement à la presse anglo-saxonne, la presse française reste un bon point pour notre image », conclut Vianney Fabre. 

Logistique : exporter rapidement ses échantillons

Il existe des services destinés à l’envoi international d’échantillons de vins et spiritueux vers les importateurs, distributeurs et journalistes.

Easysample, par exemple, livre en 2 à 3 jours ouvrés aux USA, en Asie ou en Afrique, et 7 jours au Canada. Un pack spécial « presse » a été mis en place, incluant par exemple un suivi des retombées presses.
http://www.exposeo.eu/logistique/

Aides à l’export : crédit d’impôt pour les frais promotionnels

Le Château d’Anglès bénéficie d’un crédit d’impôt prospection commerciale (CIPC). Le CIPC est une mesure fiscale en faveur des PME pour soutenir leurs activités de prospection commerciale à l’étranger. Plafonné à 40.000 €, il finance jusqu’à 50 % des dépenses de prospection commerciale, soit sous forme de remboursement du crédit d’impôt, soit par une réduction de l’impôt sur les sociétés.

Sont éligibles, à titre d’exemple, les frais et indemnités de déplacement ou la participation à des Salons. Pour bénéficier du CIPC, la société doit recruter une personne dont la mission principale est dédiée à l’activité export (en contrat CDD, CDI ou VIE…) ou promouvoir en interne un salarié sous condition d’un recrutement en externe dans les 6 mois. Le CIPC ne peut être obtenu qu’une seule fois par l’entreprise.

>>> Pour en savoir plus : www.impots.gouv.fr.


>>> Article paru dans Viti 413 de février 2016

 

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