La bulle spéculative du vin ?

Alain Baccino (à gauche) et Hervé Grandeau. Photos : DR

Plus qu’une mode, la consommation à la hausse de vins rosés semble bien être une tendance… Française avant tout, mais désormais mondiale. Près de 10 % des vins tranquilles consommés sont des rosés ! En 2014, 22,7 millions d’hectolitres de rosés ont ainsi été bus, soit une hausse de 20 % depuis 2002. Pour défendre ses positions, la France, Provence en tête, mise avant tout sur la valorisation de sa production, laissant à ses concurrents espagnols ou sud-africains les volumes produits à bas coûts. Interview sur le sujet d'Alain Baccino, président du CIVP, et d'Hervé Grandeau, président du Syndicat des bordeaux et bordeaux supérieurs.

 

La Provence souhaite-elle s’engager sur une production de rosés uniquement haut de gamme ?

Alain Baccino, Président du Centre Interprofessionnel des Vins de Provence (CIVP) : Nous avons aujourd’hui 30 ans de recul en rosés, avec une qualité et une notoriété reconnue pour la Provence. Notre positionnement haut de gamme sur le marché est clairement à conforter, mais nous cherchons bien à rester présents sur les différents marchés. L’interprofession, qui organise la communication des rosés de Provence, notamment sur cette dimension haut de gamme, n’a pas vocation à se substituer à la stratégie d’entreprise. Les entreprises établissent d’ailleurs elles-mêmes leur positionnement sur le marché, en fonction de leurs coûts de production. Nos 1,3 Mhl de rosé de Provence vendus chaque année occupent plusieurs marchés, y compris la grande distribution sur le cœur de gamme ! D’un autre côté, l’export a bien augmenté : en dix ans, nous sommes passé de 11 à 21 % de ventes à l’export, avec des destinations rémunératrices, comme les USA avec 36 % des volumes exportés. Mais de nouveaux consommateurs comme la Suède ou l’Australie importent aussi du rosé, et d’autres destinations émergentes comme les pays asiatiques, ou le Brésil. Désormais, 50 % de notre budget communication est dédié à l’export ! En effet, le marché français va vers une saturation pour la consommation de rosés, et l’export permet de maintenir les volumes pour nos appellations, et nous espérons que cela va continuer.

 

Comment Bordeaux arrive à tirer son épingle du jeu face aux producteurs "historiques" de rosés en France ?

Hervé Grandeau, président du Syndicat des bordeaux et bordeaux supérieurs : Nos concurrents sont les rosés de Provence, de Loire et des côtes du Rhône, puis nous arrivons en 4e place, avec 185 000 hl en AOP Bordeaux rosés soit 91%,  2 500 hl soit 1 % en IGP et 17 000 hl soit 9 % en SIG. Notre ambition est d’être le numéro 2 en matière de production de rosé en France. Si les rosés de Provence sont le fer de lance sur ce segment, nous pensons que Bordeaux a un rôle à jouer en matière d’offre sur les rosés français. Nous sommes bons sur le marché national, mais nous devons renforcer notre présence à l’export, notamment en Belgique, Angleterre ou Allemagne où nous sommes déjà, aller sur des marchés export très intéressants comme les USA, et accompagner la découverte du rosé sur de nouveaux marchés comme la Chine. Avec nos cépages cabernet franc et cabernet sauvignon, nous avons maintenant des rosés clairs, qui tiennent dans le temps, de 12 à 18 mois, plus appropriés qu’avec du Merlot. Nous nous inscrivons donc dans cette optique de rosés clairs, tout en affirmant notre typicité. Notre teinte rose clair-bleutée se différencie légèrement de la teinte rose clair orangé de Provence, et avec plus de fruité quand la Provence est plus minérale. Mais la grosse distinction est le prix, souvent la moitié d’une bouteille de rosé de Provence ! En dix ans sur le secteur, les rosés de Bordeaux sont passés de sous-produits à un produit de diversification. 90 % de nos rosés sont produits avec des chemins techniques propices aux rosés. Un autre facteur de notre réussite est notre capacité à s’être remis en question sur le packaging et le marketing. Nous avons mis en place une identité propre à bordeaux rosés : on n’attend pas de bordeaux le même degré de classicisme sur ses rosés que sur ses rouges !

Retrouvez l’ensemble de l’article sur l’évolution et les tendances du marché des rosés dans Viti Leaders numéro 413 de février 2016.

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