"Heureusement pour les vignerons français, la consommation nationale reste importante"

Florian Ceschi dirige le bureau français de la société de courtage Ciatti1. Pour Viti, il fait le point sur l'actualité mouvante des marchés du vin, en France et dans le reste du monde.
 

Comment se porte le marché du vin français suite au choc de la crise sanitaire liée au coronavirus ?

Florian Ceschi : Il est difficile de généraliser. Il faut rester optimiste. Certaines choses évoluent positivement. Nous constatons notamment que le marché chinois reprend.

Autre point positif, en France, tous les acteurs axés sur la grande distribution, seul canal de commercialisation restant ouvert, continuent leur activité. La consommation de vin en GD se maintient. Certains acheteurs de GD ont même noté une augmentation des ventes de 30 % lors de la première semaine du confinement. Les caves particulières, qui travaillaient beaucoup avec la restauration et avec les cavistes, sont dans la situation la plus tendue.

Autre point positif : il y a deux mois, trouver des containers pour les expéditions était difficile, car la Chine était au pic de l’épidémie, elle n’expédiait donc plus rien et les retours de containers ne se faisaient pas. Aujourd’hui, c’est en train de revenir à la normale.
 

Et dans les autres pays ?

F. C. : Les choses évoluent avec l’épidémie. De plus en plus de pays sont touchés par le coronavirus. Il y a encore deux semaines, le continent nord-américain n’était pas concerné. Aujourd’hui, de plus en plus d’opérateurs de ces zones nous demandent de ralentir nos expéditions ou annulent les commandes.

L'épidemie de coronavirus a des impacts sur tous les marchés

De plus en plus d’opérateurs d'Amérique du Nord nous demandent de ralentir nos expéditions ou annulent les commandes. 


Ensuite, chaque vignoble enregistre des répercussions spécifiques, en fonction de ses canaux de vente. Par exemple, en Languedoc, avec les taxes Trump, le vignoble commençait déjà à avoir des stocks sur certaines AOP et depuis quinze jours, en raison de la crise sanitaire, tous les opérateurs sont au ralenti. Le niveau des cours des transactions qui s’effectuent est équivalent à celui rencontré il y a deux ou trois ans. Après, il est difficile de savoir si cette baisse est temporaire ou si elle va s’inscrire dans la durée.

En France nous ne sommes pas trop « à plaindre » car notre consommation nationale reste importante. Mais pour un pays comme l’Italie, gros exportateur vers les États-Unis et ayant une consommation interne peu élevée, le ralentissement américain peut avoir de grandes conséquences.
 

Coté production, quelle est la situation chez nos principaux pays concurrents?

F. C. : Aux incertitudes habituelles liées au climat, il faut ajouter la crise du coronavirus.

En Italie, deux jours de gelées ont été rapportés fin mars, on n'en connaît pas encore l’impact sur la production. En France, quelques zones ont également pris le gel, notamment en Provence.

Plus loin de nous, on peut s’interroger sur la situation en Afrique du Sud, où les exportations de vin sont à l'arrêt depuis le 27 mars. Le Gouvernement a accéléré le déploiement du confinement, il a interdit la production d’alcool et cela devrait concerner le vin. Or, certains vignerons n’ont pas fini de vendanger. Ils ne savent pas trop s’ils pourront trouver une solution et terminer de vinifier leur production.

En Australie, c’est la double peine. Les conditions climatiques particulières de ce millésime, impacté par la sécheresse ainsi que par les incendies (et les fumées), font que l'on ignore dans quelle proportion vont diminuer les volumes. Dans ce pays, le cours du vin, surtout haut de gamme, est en hausse depuis trois ans, notamment grâce à une forte demande du marché chinois. Dans le contexte actuel, on peut se demander dans quelle mesure cette demande va continuer. D’habitude, à cette période de l’année, 80 % des contrats sont passés en prévendanges. Or, actuellement, seule la moitié de la contractualisation a été effectuée, car les opérateurs doivent anticiper la diminution des ventes et la gestion de volumes plus faibles.

En Argentine, les prix devaient enfin commencer à remonter… Depuis deux ans, il s'agissait de l’endroit dans le monde où le vin était le moins cher, avec des prix autour de 20 dollars US par hectolitre départ cave pour les génériques blancs, et de 24 à 25 dollars pour les génériques rouges. Comme la récolte de cette année a été plus faible, tout le monde tablait, mécaniquement, sur une remontée des cours…

Au Chili, une légère baisse des cours était attendue, sauf sur les chardonnay et sur le sauvignon, pour lesquels les prix devaient monter, la production de blancs ayant dû faire face à une année compliquée (gel et sécheresse). Mais avec la crise du coronavirus, les prix seront sans doute plutôt dans la norme par rapport aux deux-trois dernières années.
 

(1) Le cabinet de courtage international Ciatti existe depuis 47 ans. Depuis 20 ans, il s’est développé à l’international et compte désormais huit bureaux dans le monde : en Californie (où se trouve son siège social), en France (à Montpellier), mais aussi au Canada, au Chili, en Argentine, en Allemagne, en Afrique du Sud et en Australie. Ciatti effectue chaque année 6 millions d'hectolitres de transactions de vin, dont 90 % d’opérations en vrac, 5 % en mouts, 3 % en bouteilles et 2 % d'alcool vinique.

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