Chateau de Lancyre : rebondir après avoir vu son vignoble ravagé par la grêle

Les vins du château de Lancyre sont présents dans de nombreux restaurants de Montpellier. Les clients peuvent les retrouver au caveau de vente. Photo : Lancyre

Le pic-saint-loup, vin emblématique de la ville de Montpellier, est aussi l’un des fers de lance du Languedoc pour promouvoir les vins de qualité de la région. Régis Valentin, du château de Lancyre, profite de la renommée de l’appellation, récemment reconnue comme une AOC à part entière, pour développer les ventes. L’épisode de grêle qui a ravagé 80 % de sa vendange 2016 perturbe, il va sans dire, les projets du vigneron…

L’année passée restera dans la mémoire de Régis Valentin, propriétaire du château de Lancyre dans l’Hérault. 2016 consacre les efforts engagés il y a plusieurs décennies pour faire reconnaître officiellement le terroir du pic-saint-loup. À partir du millésime 2017, les producteurs n’auront plus à s’adosser à l’AOC générique « Languedoc » pour vendre leurs vins. L’INAO a enfin validé le cahier des charges de l’AOC pic-saint-loup en rouge et rosé.

« Cette AOC est un plus pour faire reconnaître la qualité de nos vins, estime Régis Valentin. Il faut désormais un minimum de 50 % de syrah dans l’assemblage, le rendement est limité à 45 hl/ha, la densité de plantation est de minimum 5 500 pieds/ha pour les nouvelles plantations. Dès 2017, j’opterais pour l’AOC concernant les 55 hectares sur lesquels je peux revendiquer l’appellation. Dans une année normale, cela représente environ 2 400 hl de vin conditionné exclusivement en bouteille. » Le mot « normal » a son importance pour le vigneron touché de plein fouet par un violent épisode de grêle à la mi-août 2016.

Quelques nuages à l’horizon et la vendange de l’année tombe à terre

En 30 minutes, quelques semaines avant les vendanges, 62 parcelles sur les 63 qui constituent le domaine ont été ravagées. « Mon parcellaire est assez étalé. Pas de chance, mes vignes étaient quasiment toutes dans le couloir de grêle, raconte Régis Valentin, qui arrive aujourd’hui à en sourire. J’ai perdu 80 % de ma récolte. Sur certaines parcelles, toutes les feuilles et les grappes étaient au sol. 20 hectares n’ont pas du tout été vendangés. »

Le château de Lancyre s’étend sur 75 hectares, dont 55 en AOC pic-saint-loup. POhoto : Lancyre

Pour aider les producteurs, les pouvoirs publics ont pris certaines mesures, notamment celle autorisant l’achat de raisins pour les vignerons non négociants. Auprès de producteurs languedociens et de vendeurs professionnels de vendanges, Régis Valentin a acheté de quoi compenser une grande partie de ses pertes. « Avec ces raisins vinifiés au domaine, j’ai élaboré une cuvée en rouge et une en rosé. J’ai essayé de garder le style “Lancyre” en faisant un vin frais, fruité et avec des tanins fins. Mais ce ne sera pas du pic-saint-loup. D’ailleurs sur le millésime 2016, je n’en vendrai presque pas. Avec ce que j’ai vendangé, je n’ai pas de quoi faire mon vin haut de gamme et j’ai seulement sauvé quelques hectolitres pour faire mes vins de milieu de gamme. »

Le domaine assurera une partie des ventes sur le millésime 2016

Les clients professionnels du château de Lancyre ont tous été avertis de la situation exceptionnelle. Des allocations ont été mises en place pour cette année et la suivante. Le domaine vend actuellement le millésime 2015 ; les « choses sérieuses » arriveront à partir de l’été 2017, période à laquelle le millésime 2016 pourra légalement être mis sur le marché. Pour maximiser les chances que les acheteurs restent fidèles au domaine et aux vins de pic-saint-loup, le château de Lancyre n’a écarté des allocations aucun des 300 clients réguliers, en France et à l’export.

Aujourd’hui, les deux marchés génèrent un chiffre d’affaires équivalent. Sur le territoire métropolitain, le domaine est essentiellement vendu au secteur traditionnel par le biais d’agents, comme à Toulouse, mais surtout par une vingtaine de grossistes à rayonnement régional.

Les vins du château sont distribués sur le réseau traditionnel en France et à l’étranger. Ils sont aussi disponibles au caveau avec des prix allant de 8,50 à 27 euros. Photo : S. Favre/Pixel Image

Côté export, le château de Lancyre est présent sur le marché européen ainsi qu’au Canada et aux États-Unis. « Depuis plus de 20 ans, nous travaillons avec un importateur national qui opère sur 35 États. Nous expédions presque 30 000 cols par an sur les USA, détaille le vigneron. La plupart des agents ou importateurs avec lesquels nous travaillons ont été rencontrés sur des Salons Prowein, Vinexpo et Vinisud. Nous essayons de construire des relations de longue durée. Cela fonctionne plutôt bien, mis à part sur la Hollande. Les acheteurs recherchent des prix bas qui ne correspondent pas au marché du pic-saint-loup. Sur la Chine aussi, nous n’avons eu que des ventes ponctuelles mais le vent pourrait tourner… »

Une activité de négoce va voir le jour

À ce jour, l’intégralité des vins pouvant revendiquer une AOC est mise en bouteille. Petite originalité : au domaine, cette opération est déléguée à la cave coopérative voisine, celle des Coteaux du Pic à Saint-Mathieu-de-Tréviers. « La cave à laquelle je livre par ailleurs du raisin IGP propose cette prestation très intéressante. C’est une formule clé en main. La cave achète les bouteilles en grande quantité pour obtenir un prix compétitif. Nous livrons le vin et les bouchons, et sous 15 jours maximum nous le récupérons en bouteilles “tiré-bouché”. Le domaine gère le reste de l’habillage et du conditionnement. »

Si l’on en revient à la vente, pour diversifier sa clientèle et capter de nouveaux marchés, Régis Valentin a besoin de vin. Le vigneron, qui emploie déjà dix salariés permanents, ne souhaite pas agrandir la surface de vigne du domaine. La création d’une activité de négoce serait plutôt envisagée. « C’est un projet de développement mais aussi de “sécurité”. L’épisode de grêle m’a appris à être humble. Je ne pensais pas qu’une telle catastrophe pouvait arriver. L’assurance à laquelle je souscris a couvert les charges de mises en culture, mais pas les pertes commerciales. Le négoce est un moyen d’assurer des volumes de commercialisation », conclut le propriétaire du château de Lancyre.

 

Article paru dans Viti Leaders n°423 de mars 2017

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