Déléguer un peu, beaucoup… ou pas du tout

Le conseil en viticulture existe sous de multiples formes, pourtant certaines attentes restent encore difficiles à satisfaire. Photo : goodluz/fotolia

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En viticulture, le conseil existe sous différentes formes et varie selon les régions, les structures d’exploitations, le type de vin produit et, bien sûr, les attentes de chaque viticulteur. Certains recherchent un accompagnement global, d’autres seulement des conseils pointus sur un aspect très spécifique. Certains préfèrent garder la main. D’autres déléguer, un peu voire beaucoup…

Chaque domaine est un cas particulier. Conseiller indépendant, réseau de conseillers viticoles (ICV, AOC Conseils, etc.), technicien de coopérative vinicole, technicien d’approvisionnement de coopérative ou négoce, technicien de chambre d’agriculture, pédologue, laboratoire de conseil en analyses de sol… le conseil en viticulture est multiple. Et c’est une bonne chose. Formations, discussions avec les collègues, revues techniques, diagnostics conseils par les interprofessions ou les centres de gestion, et communications des instituts techniques sont aussi considérées comme des formes de conseil par les viticulteurs. Mais répondent-elles à toutes les attentes ? à la question : sur quels sujets avez-vous besoin de conseil, sous quelles formes, et auprès de qui, les réponses sont assez variées.

Le plus important est de parler à mes confrères, d’échanger des expériences, bonnes ou mauvaises.Michel, viticulteur champenois

« La vigne, c’est ce qui prend le plus de temps sur une exploitation. C’est à la vigne que tout commence. Le conseil viticole est important pour moi, explique Michel, viticulteur champenois. J’aime avoir plusieurs sources de conseils. En ce qui me concerne, la première, c’est le GDV dont je fais partie. J’apprécie particulièrement le fait que le conseil soit indépendant. C’est important pour moi. J’ai donc tendance à mettre de côté les coopératives d’appro phytosanitaire car j’ai toujours dans l’idée qu’un technicien de coopérative est à la fois vendeur et conseiller. Cela ne signifie pas que je ne discute pas avec eux, que je n’écoute pas leurs conseils, je suis juste prudent. Je prends de préférence mes conseils auprès de personnes indépendantes. Après, j’apprécie encore plus de pouvoir croiser les opinions. Je suis abonné à pas mal de revues techniques. Mais le plus important pour moi est de parler à mes confrères, d’échanger les expériences, bonnes ou mauvaises, même si la discussion est parfois difficile. Je trouve qu’il y a encore trop d’absence de ponts, de discussions entre viticulteurs : certains sont en avance techniquement et ne prennent pas la peine de discuter. Le dialogue est essentiel. »

Prêts à payer le conseil

Marc, lui, est dans le Beaujolais. Il est coopérateur. Le premier conseil chez lui est donc réalisé par le technicien vignoble de la coopérative.

« Je trouve ça tout à fait normal, étant donné la destination du raisin. Cela tend à formater une certaine conduite des vignes, mais avec de la liberté quand même. Je garde la main et c’est l’essentiel, car la vigne, et surtout le sol, est « mon capital » et j’y tiens. C’est « mon technicien » et je lui fais confiance. Je travaille également avec le technicien d’appro. Il a tendance à faire des programmes phyto clé en main. Le conseil se paye en fonction du degré de délégation du suivi viticole (et des services apportés, notamment par rapport aux données de prévisions risques maladies et prévisions météo avec un réseau de stations locales. D’un coté je regrette un peu ma perte d’autonomie et de ne pas creuser assez cet aspect-là – je trouve que ça manque parfois un peu d’innovation – mais cela me permet de me décharger de certaines taches et de me concentrer sur ce qui me tient à cœur : le sol. Et là, de toute façon, il n’est pas suffisamment pointu pour mes attentes sur la gestion du sol. »

Chez Laurent, viticulteur bio en Provence. Le sol est aussi une priorité. « Avec mon chef de culture, on s’appuie bien sûr sur le technicien appro, il a une compétence évidente, mais est quand même vendeur, et de toute façon, pas forcément au point sur certaines thématiques comme les couverts, les désherbants bio ou la manière de trouver des moutons pour faire pâturer les couverts dans nos vignes ! On réalise des formations avec la chambre d’agriculture. Je ne travaille pas pour l’instant avec un conseiller viticole pour une raison de priorité et de budget. Je travaille déjà avec un œnologue conseil. Mais c’est quelque chose que j’aimerais faire dans les deux à trois années à venir : trouver un consultant capable d’apporter un regard extérieur, de me conseiller, en particulier sur la conduite de mes sols. Il faut savoir accepter de ne pas tout savoir… Et, oui, je suis prêt à payer cette prestation cela me paraît normal.

En revanche, j’attends de cette personne un suivi sur le long terme, et j’aimerais quelqu’un ayant accumulé beaucoup d’expérience et qui puisse me faire profiter de la sienne. Qu’elle prenne aussi cette responsabilité. C’est un gros risque pour l’exploitation .Car sur la vie des sols, les modifications ne se voient qu’à long terme, ce n’est pas comme un traitement phyto où l’on peut juger dans l’année du résultat. Là il faut des années. Il faut donc trouver quelqu’un de confiance avec des références, et ce n’est pas toujours facile. En fait, ce que je recherche, c’est un conseiller capable de faire un état des lieux, de nous dire ce qu’il faut aller rechercher et comment le faire, d’établir une feuille de route, de nous fournir un cadre, qui nous permette d’avancer sur cinq ans. En définitive, je cherche plutôt un accompagnement, un guide. »

Retrouvez cet article dans Viti Les Enjeux n°24 de mai 2016

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