Cash Investigation : "l'art"de stigmatiser les phyto

Crédit photo : Eléonore H/Fotolia

L’émission Cash Investigation d’Elise Lucet diffusée le 2 février 2016 présentait les dangers des pesticides sur la santé des agriculteurs, des consommateurs et des enfants. Alors que l'angle d’attaque était à charge contre les « pesticides », les témoignages des firmes et associations défendant l’intérêt des produits phytosanitaires ont été mal pris en compte par l’équipe de Cash investigation, à l’exception d’une courte intervention de Jean-Charles Bocquet, directeur général de l’ECPA (European Crop Protection Association). Étrange manière de pratiquer le journalisme d’investigation…

En effet, à aucun moment l'émission d'Elise Lucet n'a souhaité mettre en avant ce que les produits phytopharmaceutiques avaient à apporter, ni les efforts qui ont été faits par la filière agricole ces dernières années...

Rapidement après la diffusion de l'émission différents acteurs de la filière agricole ont exprimé leur malaise. Voici une sélection de réactions, non exhaustive :

Forum Phyto: "Cash Investigation ment par omission"

« Cash Investigation a raison de mentionner que les produits phytosanitaires peuvent être dangereux. Et qu’ils ne doivent pas être utilisés à la légère. Ceci étant dit, Cash Investigation pèche essentiellement par omission.

  • « Aucune mention de l’utilité des pesticides. Que proposent les prophètes de malheur face au virus Zika (santé humaine), à la mouche Drosophila suzukii (dévastant les fruits rouges), au mildiou (ennemi historique des pommes de terre et de la vigne)… ?
  • Aucune mention des démarches de progrès passées ou en cours: gestion des emballages vides et des produits non utilisés, protection des utilisateurs…
  • Aucune mention des améliorations passées ou en cours des produits eux-mêmes : substances actives plus sélectives, plus dégradables, moins impactantes, amélioration des formulations (par exemple granulés au lieu de poudre).
  • Aucune mention des améliorations du matériel de pulvérisation: postes de remplissage, contrôle obligatoire des pulvérisateurs, précision accrue, dispositifs anti-dérive…
  • Aucune mention des mécanismes de décisions chez les agriculteurs: formation, information, outils d’aide à la décision.
  • Aucune mention des réglementations européenne et française, parmi les plus restrictives au monde.
  • Aucune mention de la diminution massive des volumes utilisés déjà réalisée : 50% de moins en 50 ans. »

Lire les différentes actualités publiées sur le sujet sur le site de Forum Phyto.

Union des industries de la protection des plantes (UIPP)

« Si la santé des citoyens et de la planète est un sujet prioritaire pour tous, cette émission plutôt que d’éclairer le consommateur, crée un climat anxiogène. En stigmatisant les produits phytos, Cash Investigation fait aussi l’impasse sur leur utilité pour la filière agricole et in fine sur la qualité et la diversité de notre alimentation qui n’a jamais été aussi sûre.

« Cash Investigation a omis d’expliquer que pour obtenir une autorisation de mise sur le marché, le processus d’homologation impose à nos entreprises de réaliser 300 études pendant près de 10 ans qui couvrent tous les effets sur la santé et l’environnement. Et que ce sont les autorités sanitaires européennes et françaises, ainsi que le Ministère de l’Agriculture, qui décident si un produit peut être présent sur le marché en garantissant la sécurité de l’utilisateur jusqu’au consommateur.

« Cash Investigation a omis d’indiquer les avancées de la recherche, de l’innovation, et les progrès réalisés par l’ensemble des acteurs de la filière: l’utilisation des produits a diminué de 45 % depuis la fin des années 1990, la toxicité a été divisée par 8, les trois quarts des produits présents à cette époque ne sont plus présents sur le marché. Dans un tel contexte, comment expliquer que les produits phyto seraient responsables d’une augmentation des maladies chez les plus jeunes? »

Le communiqué complet de l'UIPP ici.

Jean Charles Bocquet, directeur général de l’ECPA

Jean-Charles Bocquet a témoigné dans l’émission eta été très critiqué sur les réseaux sociaux.

« Fils de forestier, de condition modeste, amoureux de la nature, jardinier, agronome de formation spécialisé en protection des cultures, je peux vous garantir que ma motivation n'a rien à voir avec l'argent! Ma motivation réside dans les résultats obtenus par la filière agricole, à laquelle j'appartiens. Je travaille dans la protection des cultures depuis 1972. Je suis fier de ce que j'ai pu faire, fier des entreprises que je représente, fier de la plupart des agriculteurs engagés dans la production de cultures de qualité en respectant l'environnement...

« Des progrès énormes ont été réalisés sur les produits que vous appelez "pesticides". Ces produits ont  tous été évalués par des autorités compétentes et indépendantes, par rapport aux risques éventuels sur la santé de ceux qui les utilisent (agriculteurs, jardiniers, personnes travaillant dans les espaces verts), vis-à-vis des consommateurs que nous sommes tous, et par rapport à l'environnement. Ils sont aussi suivis et réévalués tous les 10 ans en fonction des nouvelles connaissances scientifiques…

« Nous sommes engagés dans le progrès, le dialogue avec la société civile, et la prise en compte des attentes sociétales, même si des émissions comme Cash Investigation sont très biaisées et militantes. Madame Lucet m'a interviewé deux heures dans mon bureau et n'a retenu que certains éléments qui ne reflètent pas la réalité du secteur. Le débat qui devait être diffusé à l'issue du documentaire en direct a été écourté.

« Toutefois, nous payons aujourd'hui des années de non communication dans les années 80. Il n'est jamais trop tard pour commencer », reconnaît Jean-Charles Bocquet.

Les firmes phytosanitaires comme Syngenta, Bayer et BASF ont aussi réagit à l’émission.

Résidus: 97% de quoi ?

Enfin, sur le thème des résidus de pesticides dans les aliments, l'Association française pour l'information scientifique (AFIS) a tenu à clarifier certains éléments

« Tout au long de l’émission, la journaliste Elise Lucet a martelé, sur un ton inquiet et alarmiste, que 97% des produits alimentaires contiendraient des résidus de pesticides.

« L'Afis déplore qu'une chaîne publique de télévision ait transmis en prime time un tel message, trompeur et alarmiste, à plusieurs millions de téléspectateurs, et que ce message ait ensuite été relayé par l’ensemble des médias et des réseaux sociaux, sans le souci ni de la véracité des « informations » colportées, ni de l'inquiétude légitime mais injustifiée ainsi propagée dans la population. Sans prendre position pour ou contre les pesticides, l’Afis entend rappeler, dans cet article plusieurs éléments qui ont été occultés pendant l’émission et qui donnent un tout autre éclairage au chiffre de 97 %. »

Cette courte vidéo du site Agriculture et Environnement résume bien l'article de l'Afis ce qu’on a laissé croire dans l’émission:

Pour finir, un article un peu décalé du bloggeur Vincent Pousson, « les consommateurs plébiscitent les pesticides ».

 

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